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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/29

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marche, et s’élève au jour de la raison.
Ah ! Quand vous brillerez, beaux jours de notre gloire,
Je ne vous verrai point. Le flot de l’onde noire,
Neuf fois autour de moi par la mort replié,
Dans l’éternelle nuit me retiendra lié ;
Je ne vous verrai point ! Et mon ombre sensible
Se plaindra vainement à la Parque infléxible :
Non, je ne serai point de la mort rappellé,
Et pour d’autres que moi, tout sera dévoilé !
Ah ! Si dans l’avenir trop ardent à m’étendre,
À des plaisirs si grands je ne dois point prétendre,
Du moins jusqu’au tombeau, nos arts consolateurs
Épancheront sur moi leurs rayons bienfaiteurs ;
Du moins à les chanter je dévoûrai ma lyre.
L’automne m’entendra, plein d’un noble délire,
Bénir l’art innocent qui nourrit les humains ;
La serpette armera mes poëtiques mains,
Et m’ouvrant des vergers les dédales agrestes,
Des beaux fruits de l’été j’irai cueillir les restes.