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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/291

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Lasse d’ouïr par-tout insulter à sa gloire,
Elle implora son père ; et l’oeil chargé de pleurs,
Fit parler en ces mots ses naïves douleurs :
« Soleil, à qui je dois tout l’éclat dont je brille,
Dis-moi, quand feras-tu reconnoître ta fille ?
Entendrai-je toujours les mortels ignorans
M’avilir, me confondre avec ces feux errans,
Assemblage grossier de matières immondes,
Moi, qui sors et descends du monarques des mondes ?
Ah ! Si de ma naissance il faut qu’on doute encor,
Mon père, arrache moi cette couronne d’or,
Ce manteau radieux, cette écharpe azurée,
Et toute la splendeur dont tu m’as décorée !
Que ma soeur d’Orient jouit d’un sort plus beau !
À peine sa lueur annonce ton flambeau,
Soudain tout l’univers tressaille à sa présence ;
Les poëtes en choeur chantent sa bienfaisance,
La proclament ta fille, et pour elle rivaux,
Cherchent à l’honorer par des concerts nouveaux ;
Cependant que leurs voix me laissent inconnue.
De quels titres si grands est-elle soutenue,
Pour jouir d’un renom, qu’on refuse à sa soeur ?