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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/335

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Et creusant des ravins, inondant les vallées,
Retracent à nos yeux un globe submergé,
Qui de profondes mers sort enfin dégagé,
Et dont les monts naissans, élancés dans les nues,
Sèchent l’humidité de leurs têtes chenues ;
Cependant qu’à leurs piés les flots encor errans
S’étendent en marais, ou roulent en torrens.
Mais déjà ce tribut qu’ont payé les montagnes,
Après avoir franchi les immenses campagnes,
Se répand sur la rive, où les fleuves plaintifs
Mugissent sourdement sous la glace captifs,
Et crevassant leurs bords pour s’ouvrir une route,
Par cent détours secrets se glisse sous leur voûte.
Le fleuve, accru soudain par ce nouveau secours,
Frémit, impatient de reprendre son cours ;
Dans son lit, en grondant, il s’agite, il se dresse ;
Il bat de tous ses flots la voûte qui l’oppresse ;
Elle résiste encor. Sur son dos triomphant
Le fleuve la soulève ; elle éclate et se fend.
Un effroyable bruit court le long du rivage ;
L’air en gémit ; et l’homme, averti du ravage,