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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/338

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Sous les yeux du soleil, dans le sein des ténèbres,
La voix de la douleur s’exhale en cris funèbres.
Au douzième des mois, ainsi se lamentoit
Le peuple, qu’en son sein Rome antique portoit.
Des sépulchres muets perçant la noire enceinte,
Et d’un ami, d’un père évoquant l’ombre sainte,
Ce peuple, enveloppé de sombres vêtemens,
Trois fois se promenoit au fond des monumens,
Y brûloit de Saba les parfums salutaires,
Et couronnoit enfin ces lugubres mistères
Par des libations d’un vin religieux
Sur l’urne, où reposoient les restes précieux.
Ce respect pour les morts, fruits d’une erreur grossière,
Touchoit peu, je le sais, une froide poussière,
Qui tôt ou tard s’envole éparse au gré des vents,
Et qui n’a plus enfin de nom chez les vivans :
Mais ces tristes honneurs, ces funèbres hommages
Ramenoient les regards sur de chères images ;
Le coeur près des tombeaux tressailloit ranimé,
Et l’on aimoit encor ce qu’on avoit aimé.