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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/79

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Creusez vos mains en coupe, et que sur vos habits
De vos mentons rians le vin coule en rubis :
D’un bachique repas couronnez la journée.
Les soucis, les travaux, les sueurs de l’année
Vous méritent assez ce bonheur d’un moment.
Quoi ! La bêche et la serpe auront incessamment,
De votre plant tardif châtié la paresse !
Quoi ! Du feuillage vain, dont le luxe l’oppresse,
Par deux fois, tous les ans, vous l’aurez dégagé !
Cent fois vous aurez craint que de grêle chargé,
L’été contre vos fruits ne déchaînât l’orage !
Et lorsque la nature a béni votre ouvrage,
Lorsque de vos labeurs vous dispensant le prix,
Elle vous rend les jeux, les festins et les ris,
Des jeux et des festins un ennemi farouche
Viendra faire expirer les ris sur votre bouche ;
Vous dira que des dieux les décrets solemnels
Ont condamné la terre à des pleurs éternels ;
Qu’ils nous font de la joie une sage défense,
Et que leur majesté de nos plaisirs s’offense !
Tu l’offenses toi seul, augure du malheur ;