Aller au contenu

Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Oh ! Que j’aime bien mieux les destins honorables,
Dont jouiront encor ces tiges vénérables !
Bien-tôt, sous l’humble toît qu’habite le malheur,
Elles rendront au pauvre une douce chaleur.
Dans le vague des airs, ici, je les contemple
Couronnant d’un lambris le haut faîte d’un temple :
Je les vois en remparts ceindre les flots amers,
Et cacher le Batave à la fureur des mers.
Je vois encor, je vois la superbe Venise
Sur des troncs cimentés pompeusement assise ;
Elle est reine des eaux. Et vous, qui destinés
À maîtriser Neptune et les vents mutinés,
De Brest et de Toulon devez couvrir l’arène,
Gigantesques sapins, vieux enfans de Pyrène,
Quel exemple offrez-vous à l’homme ambitieux,
En tombant de ces rocs, d’où vous touchiez aux cieux !
Vous viviez suspendus sur d’immenses abymes ;
Des glaçons, élevés au-dessus de vos cimes,
Vous couvroient d’une enceinte, où vos rangs plus épais
Et vos bras toujours verds se déployoient en paix ;
Votre auguste vieillesse insultoit aux tempêtes.