Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/26

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, appuyant.
La plus grande coquette du quartier, cette bégueule de madame Gambillard…

Jacolin, d’un air sérieux
Madame Duchemin… je ne l’ai pas nommé… (avec dignité.) Je ne compromets pas les dames.

Duchemin, pouffant de rire.
Quoi !... il se pourrait !... ce serait ?... ah ! ce pauvre Gambillard… eh bien ! il ne l’a pas volé… c’est un libertin, un coureur…

Madame Duchemin, jouant la pruderie
Il paraît, monsieur Jacolin, que c’est pour mieux regarder cette mijaurée, que vous avez loué ma petite chambre meublée du second, cent cinquante francs par trimestre ; c’est affreux, monsieur.

Duchemin
Pourquoi donc ça ? cinquante francs par mois, c’est quelque chose… allons, ma poule, ne te fâche pas, tu as toujours été sévère pour les jeunes gens. (à part.) Pauvre petite femme, moi qui la soupçonnais… tandis qu’à Paris… Ah ! je suis un gros monstre !... (haut.) Bobonne, pardonne-moi, pardonne-moi, ma chère Victoire.

Madame Duchemin
Allons, je suis trop faible.

Duchemin, après l’avoir embrassée
Je suis le plus heureux des courriers !... touchez là, mon locataire. (Il donne une poignée de main à Jacolin.) Ah ! çà, j’oubliais que j’ai une commission pressée à faire sur la place Belcour ; (à sa femme.) Attends-moi, je reviens bientôt pour ne plus te quitter de quelques jours.

Jacolin, à part
Eh bien, c’est gentil !

Duchemin, se retenant pour ne pas rire.
Et dire que je vais passer devant la boutique de ce bon Gambillard… c’est à se confondre de rire !

Madame Duchemin.
Adieu, mon petit homme !

Duchemin.
Adieu, ma petite femme ! (Il l’embrasse et va pour sortir.)

Jacolin, à part
Elle ose l’embrasser devant moi… infidèle… va !



Scène III

Les mêmes, un garçon de la poste.

Le garçon