Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/40

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Ah ! çà, de quoi vous plaignez-vous, élève de Brard et Saint-Omer ?

Prudhomme
De quoi je me plains ?... quand les jurés de Châlons-sur-Marne m’attendent les bras croisés, et que vous vous emparez de moi, pour me jeter sans pudeur dans le département de la Saône !

Tous, riant
Par exemple, elle est bonne, celle-là !

Prudhomme
Très mauvaise au contraire… me faire faire cent quatre-vingt lieues… uniquement pour rien !

Duchemin
Il fallait parler, au lieu de dormir.

Prudhomme, tristement.
Moi, qui tout à l’heure me promenais avec confiance sur les bords de votre rivière… Oui, me disais-je, dans mes souvenirs topographiques… la voilà cette onde paisible qui prend sa source… n’importe où, et qui, de là, arrose successivement… plusieurs grandes villes, notamment Châlons, si bien nommé pour cela Châlons-sur-Marne…

Duchemin
C’est votre faute aussi… il n’est pas permis d’être … aussi…. naïf.

Prudhomme
Conducteur, vous m’insultez… et à Paris, je vous ferais mettre à pied.

Duchemin
Si je ne respectais pas votre grand âge !...

Prudhomme
Mon grand âge… mon grand âge… apprenez que madame Prudhomme s’en arrange très bien… (ôtant sa casquette.) de mon grand âge…

Jacqueline, bas à Prudhomme.
Parlez-lui donc de la fidélité de sa femme.

Prudhomme, à Duchemin
Je désire qu’il en soit de même dans un autre ménage.

Duchemin, interloqué.
Je le dis avec intention marquée.

Jacqueline, bas.
Il y a un canut…

Prudhomme, répétant sans comprendre.
Il y a un canut !...

Duchemin,