Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/46

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Scène V

Désirée, Madame Duchemin

Madame Duchemin, allant s’asseoir
Enfin m’y voilà, dans ce gueux de Paris !... J’ai tout appris… et, au lieu d’aller aux Célestins, je suis montée en malle-poste. (à Désirée.) C’est ici que descend le courrier de Lyon ?

Désirée
Oui, madame, celui de Lyon, de Nantes, de Brest.

Madame Duchemin
Donnez-moi une chambre… deux chambres… Est-il arrivé ?

Désirée
Qui, madame ?

Madame Duchemin
Le courrier de Lyon !

Désirée
Je ne crois pas… du moins celui qui passe par la Bourgogne. Quant à l’autre qui passe par Moulins, par le Bourdonnais…

Madame Duchemin
C’est lui qui m’a amenée, moi et un jeune homme… Ah ! madame… si ce qu’on m’a dit est vrai… si mon misérable… (s’interrompant.) Madame n’est pas mariée ? (Elle se lève.)

Désirée
Non, madame.

Madame Duchemin
Je vous en fais mon compliment… ne vous mariez jamais… c’est si cruel d’être la femme d’un monstre ! d’un serpent…

Désirée
Ah ! j’espère bien choisir mon mari ailleurs que dans ces deux classes.

Madame Duchemin
Eh ! mon Dieu, madame, sait-on jamais dans quel classe il sera.

Jacolin, appelant du dehors.
Madame Duchemin ?

Toutes deux, se retournant.
Qu’est-ce ?

Désirée
Ne vous dérangez pas, madame, c’est moi qu’on appelle.

Jacolin, plus rapproché
Madame Duchemin !

Toutes deux, fausse sortie
Voilà.

Madame Duchemin
Vous vous trompez, vous voyez bien que c’est moi !

'Désirée