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  Et tu verras, ô belle Amérique,
  Tes enfants, en ascètes changés,
  Sous la sainte Règle Érémitique,
  Vivre en paix, dans tes antres logés !

  Tu verras venir les Camaldules,
  Les Carmes-Déchaux, et les Chartreux ;
  Tu verras se grouper des cellules,
  Autour des grands cèdres ténébreux !

  Franchissant le houleux Atlantique,
  Au fracas des révolutions,
  Oui, tu verras chaque essaim mystique,
  De l’Europe, en ses convulsions,

  Désertant les plages désolées,
  Venir chercher sur tes monts neigeux,
  Dans tes savanes et tes vallées,
  Quelque refuge moins orageux !…

  Venez, cénobitiques phalanges,
  Hommes d’étude, hommes d’oraison ;
  Venez, ô saintes peuplades d’anges,
  Que chasse la Révolution !

  Venez, ascétiques colonies :
  Ici, vous trouverez des abris,
  Et des thébaïdes infinies,
  Que vous changerez en paradis !

  Vous trouverez des terres incultes,
  Où paissent d’innombrables troupeaux ;
  Vous aurez la liberté des cultes,
  Et la liberté des Rouges-peaux !

  La liberté dans la solitude,
  Avec l’horizon illimité ;
  Et votre calme béatitude
  Égalera votre liberté !


la peau-rouge.


Heureux l’homme ici-bas dont la gloire est sans tache ;
Qui dans les droits sentiers a marché sans relâche ;
Et qui, le front orné du signe des chrétiens,
Pour suivre les Conseils, a donné tous ses biens !
Heureux qui, fatigué d’un monde où tout nous brûle.
Au milieu du désert a bâti sa cellule ;