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Du fond de son désert, où, depuis quarante ans
Il vivait dans l’extase et les pleurs pénitents,
Agitée en tous sens, la Suisse irrésolue,
Comme un Ange de paix, vit Nicolas de Flue
Apparaître et calmer l’orage discordant ;
Oui, venu tout-à-coup du désert rayonnant,
En prêchant l’union, il sauva la patrie !
Oui, voilà ce qu’a fait l’humble Ermite qui prie !

Séparateur


Premier Avertissement.

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Quand le doux Fénélon, le Cygne de Cambrai,
Sublime prosateur par Homère inspiré,
Donna son Télémaque à l’Europe ravie,
L’envieuse malice empoisonna sa vie !…
 Si, dans son zèle amer, inspiré du Démon,
Quelque homme inique, en qui revit Laubardemont ;
Si quelque Inquisiteur flairait une hérésie
Dans le miel que contient ma fleur de poésie ;
Si sa froide malice, interprétant mes vers,
Y trouve le poison de son esprit pervers ;
Du for intérieur souillant le sanctuaire,
S’il y porte un rayon de son œil téméraire ;
Si, méprisant la lettre et le sens littéral,
Il ose remonter au sens original ;
Si, jugeant des motifs, de la pensée intime,
Sondant la conscience et l’esprit qui m’anime, —
Il y voit des portraits, des personnalité »,
Une offense publique aux graves vanités ;
S’il désigne du doigt d’innocents personnages,
Et s’il se reconnaît… dans mes plus sombres pages ;
S’il ose, en torturant mon langage sacré,
Y trouver ce qu’il sent dans son cœur ulcéré ;
Avec emportement interpellant ma Muse,
Comme une Némésis, s’il l’insulte et l’accuse :
Que sur cet homme, en qui revit Laubardemont,
Que sur ce juge inique, inspiré du Démon,
Que sur ce froid serpent qui poursuit ma colombe,
Sur lui seul, à jamais, que l’odieux retombe !
 Ô Rome, à tes arrêts je soumets tous mes vers ;
Avec foi, je soumets tous mes écrits divers…
Jusqu’à tes pieds sacrés si le malheur le jette,
Tu sais, avec amour, relever le poète !