Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/144

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Mais ce qui reste, alors que l’on perd une femme,
Loin d’elle, dans l’exil, ce qui console l’âme,
Ce qu’à nous enlever, on ne peut parvenir,
Ce qui survit à tout… Oh ! c’est le souvenir !
D’un passé qui n’est plus c’est le reflet fidèle,
Ce sont ces jours si doux qui s’écoulaient près d’elle,
C’est le naissant amour et les premiers aveux,
Les projets d’avenir, alors qu’on cause à deux,
Le bonheur d’écouter une molle romance,
De lui dire, les yeux humides : « Recommence ! »
Et près de son piano, haletant et sans voix,
De l’une à l’autre touche ouïr glisser ses doigts ;
Ce qu’en ses rêves d’or retrouve le poëte,
C’est un front chaste et pur rapproché de sa tête,
Alors que tous deux seuls, et la main dans la main,
On s’entretient d’amour et du prochain hymen ;
C’est un rien, un sourire, un geste, une parole…
Oh ! si jamais, jeune homme, une vierge créole,
Après t’avoir aimé de son premier amour,
Par caprice, ou dédain, ou défiance, un jour,
Craignant pour son bonheur, sans pitié te délaisse..
Oh ! le cœur défaillant, épuisé de tristesse,
En voyant tout à coup tes beaux songes périr,
Tu maudiras la vie et tu voudras mourir !
Et, ne retrouvant plus, dans ta douleur amère,
Pour consoler tes maux l’amour saint d’une mère,