Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/169

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Non, vous n’avez pas fait un rêve de beauté,
C’est la vie elle-même et la réalité.
Notre madone est là ; dans sa loge elle pose,
Près d’elle vainement l’on bourdonne et l’on cause,
Elle reste immobile et sous le même jour,
Gardant comme un trésor l’harmonieux contour.
Artistes souverains, en copistes fidèles,
Vous avez reproduit nos superbes modèles !
Pourquoi, découragé par vos divins tableaux,
Ai-je ; enfant paresseux, jeté là mes pinceaux,
Et pris, pour vous finir, le crayon du poëte,
Beaux rêves obsesseurs de mon âme inquiète,
Doux fantômes bercés dans les bras du désir,
Formes que la parole en vain cherche à saisir !
Pourquoi, lassé trop tôt, dans une heure de doute,
Peinture bien aimée, ai-je quitté ta route ?
Que peuvent tous nos vers pour rendre la beauté,
Que peuvent de vains mots, sans dessin arrêté,
Et l’épithète creuse et la rime incolore ?
Ah ! combien je regrette et comme je déplore
De ne plus être peintre, en te voyant ainsi
À Mosé, dans ta loge, ô Julia Grisi ! »


15. Le carancro (ou carrion-crow) est une espèce de vautour fort commune à la Louisiane. C’est un oiseau sinistre dont la vue seule inspire la tristesse. Tantôt perché sur nos vieilles barrières grisâtres, le front penché avec mélancolie, il reste des heures entières dans une attitude religieuse,