Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/171

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19 qu’on le croyait aussi invincible dans les combats qu’infaillible dans les conseils. On ne lui avait pas remis les rênes du gouvernement ; il les avait prises, et personne n’osait les lui disputer. C’est ainsi qu’il prenait un ascendant irrésistible et qu’il le soutenait par les dehors les plus séduisans. On se battait en vain contre lui, il remportait toutes les victoires. Un jour, interrogé par un de nos officiers sur son peu de fidélité envers les Français, il lui répondit : « Tu sais bien que je suis de la race du tigre, et que le tigre est méchant et traître. » Il joignait à la hardiesse une mâle éloquence. Il périt assassiné par deux traîtres de la tribu des Chactas, soudoyés par les Français. Postés derrière des arbres, il tirèrent deux coups de fusil dont les balles vinrent frapper la poitrine de l’invincible chef. Si l’on n’eût pas été aveuglé par une crainte pusillanime, il était possible de n’avoir point recours à cet odieux assassinat. L’adresse de la politique consistait à gagner son affection, et l’on conservait un des plus rares génies. On pouvait l’attirer dans le parti des Français, et, en substituant l’or au fer, on se faisait un ami d’un des hommes les plus étonnans que la nature se soit plu à former. »


20 Trabucco : cigare.

21 Tiak : pin, mélèze.