Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/96

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Ce bruit qui fait rêver, assoupissant écho,
Soit qu’il cinglât vainqueur en face d’Abaco,
En de moins tièdes flots baignant ses flancs arides,
Soit qu’il bondît, doublant le long cap des Florides !
Et puis, quand vers le nord dans sa course emporté
Mon vaisseau fut soudain par l’ouragan heurté
De front, à la hauteur des bancs de Terre-Neuve…
Oh ! comme, avec vigueur, il subit cette épreuve !
A la cape, trois jours, sur la vague affermi,
Comme un oiseau des mers, il semblait endormi.
Sur le pont ruisselant, debout, calme poëte,
J’aimais ce souffle aigu, ces cris de la tempête.
A mon cœur épuisé, triste, chargé d’ennuis,
Océan, il fallait tes orageuses nuits !
Lorsque ta grande voix s’élève solitaire,
Tu nous verses la paix et l’oubli de la terre !…

Mais l’orage a cessé… Chantez, gais matelots !
Poursuis, poursuis, Vaillant, ta course sur les flots,
Vogue avec majesté sur les vagues sonores.
Courage, mon vaisseau ! nous touchons aux Açores ;
Courage ! Il ne faut plus qu’un vigoureux élan…
Terre ! terre ! Je vois la tour de Cordouan