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la poésie bretonne au xixe siècle

poétiques, Louis Veuillot, dans une notice qui est un petit chef-d’œuvre, a raconté la jeunesse douloureuse de ce fils d’un maître voilier. Le talent de M. Violeau, plusieurs fois récompensé par l’Académie française, est d’une pureté et d’une élégance charmantes. Sa Pèlerine de Rumengol, la Barque infernale, le Regret, ont été lus par tout le monde en Bretagne. L’Adieu de la Nourrice est une poésie exquise :

Voici l’heure ! au seuil de ma porte
S’arrête l’âne du meunier ;
A ta mère, dans son panier,
Pauvre ange, il faut qu’on te rapporte.
Hélas ! tes frères affligés
Autour de ton berceau rangés
Pleurent et ne peuvent comprendre
Pourquoi celle qui m’a donné
Son petit enfant nouveau-né
Veut aujourd’hui me le reprendre.

Va cependant, va, mon chéri,
Puisque ta mère te réclame,
Va réjouir une autre femme
Dont le sein ne t’a point nourri.

Devant le fagot de bruyère
Où je réchauffais tes pieds nus