Page:Rousseau - Œuvres complètes (éd. Dupont), tome 2, Discours, 1824.djvu/257

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besoin, est préférable à celle qui le fait sortir de chez eux.

Je me hâte de finir sur cet article dont la plupart de nos lecteurs ne s’embarrassent guère, pour en venir à un autre qui les intéresse encore moins, et sur lequel par cette raison je m’arrêterai moins encore. Ce sont les sentiments que j’attribue à vos ministres en matière de religion. Vous savez, et ils le savent encore mieux que vous, que mon dessein n’a point été de les offenser ; et ce motif seul suffirait aujourd’hui pour me rendre sensible à leurs plaintes, et circonspect dans ma justification. Je serais très-affligé du soupçon d’avoir violé leur secret, surtout si ce soupçon venait de votre part : permettez-moi de vous faire remarquer que l’énumération des moyens par lesquels vous supposez que j’ai pu juger de leur doctrine, n’est pas complète. Si je me suis trompé dans l’exposition que j’ai faite de leurs sentiments (d’après leurs ouvrages, d’après des conversations publiques où ils ne m’ont pas paru prendre beaucoup d’intérêt à la Trinité ni à l’enfer, enfin d’après l’opinion de leurs concitoyens, et des autres églises réformées), tout autre que moi, j’ose le dire, eût été trompé de même. Ces sentiments sont d’ailleurs une suite nécessaire des principes de la religion protestante ; et si vos ministres ne jugent pas à propos de les adopter ou de les avouer aujourd’hui, la logique que je leur connais doit naturellement les y conduire, ou les laissera à moitié chemin. Quand ils ne seraient pas sociniens, il faudrait qu’ils le devinssent, non pour