Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/158

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lui rendant justice, je le hairois alors plus peut-être encore pour mes torts que je ne le hais maintenant pour ses crimes : je ne lui pardonnerois jamais mon injustice envers lui. Je me reproche cette disposition, j’en rougis ; mais je la sens dans mon cœur malgré moi.

Rousseau.

Homme véridique & franc, je n’en veux pas davantage, & je prends acte de cet aveu pour vous le rappelle. en tems & lieu ; il me suffit pour le moment de vous y laisser réfléchir. Au reste consolez-vous de cette disposition qui n’est qu’un développement des plus naturels de l’amour-propre. Elle vous est commune avec tous les juges de J. J. avec cette différence que vous serez le seul peut-être qui ait le courage & la franchise de l’avouer.

Quant à moi, pour lever tant de difficultés & déterminer mon propre jugement, j’ai besoin d’éclaircissemens & d’observations faites par moi- même. Alors seulement je pourrai vous proposer ma pensée avec confiance. Il faut avant tout commencer par voir J. J., & c’est à quoi je suis tout détermine.

Le François.

Ah ah ! vous voila donc enfin revenu à ma proposition que vous avez si dédaigneusement rajoutée ? Vous voila donc dispose à vous rapprocher de cet homme entre lequel & vous le diamètre de la terre étoit encore une distance trop courte à votre gré ?

Rousseau.

M’en rapprocher ? Non, jamais du scélérat que vous m’avez