Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/255

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Le François.

Ah de petites boites ! Eh bien Monsieur, ces petites boites ? à quoi servent-elles ? qu’en dites-vous ?

Rousseau.

Belle demande ! À empoisonner les gens, à qui il fait avaler en bol toutes ces graines. Par exemple, vous avalerez par mégarde une once ou deux de graine de pavots, qui vous endormira pour toujours, & du reste comme cela. C’est encore la même chose à-peu-près dans les plantes ; il vous les fait brouter comme du fourage, ou bien il vous en fait boire le jus des sauces.

Le François.

Eh non, Monsieur ! on sait bien que ce n’est pas de la sorte que la chose peut se faire, & nos Médecins qui l’ont voulu décider ainsi se sont fait tort chez les gens instruits. Une écuellée de jus de ciguë ne suffit pas à Socrate ; il en falut une seconde ; il faudroit donc que J. J. fit boire à son monde des bassins de jus d’herbes ou manger des litrons de graines. Oh que ce n’est pas ainsi qu’il s’y prend ! Il fait, force d’opérations, de manipulations, concentrer tellement les poisons des plante qu’ils agissent plus fortement que ceux mêmes des minéraux. Il les escamote, & vous les fait avaler sans qu’on s’en apperçoive, il les fait même agir de loin comme la poudre de sympathie, & comme le basilic il fait empoisonner les gens en les regardant. Il a suivi jadis un cours de chymie, rien n’est plus certain. Or vous comprenez bien ce que c’est, ce que ce