Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/286

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honneur, mais parce que ces biens, loin de procurer ceux dont il est avide en ôtent la jouissance & le goût Les pertes réelles ni les espérances frustrées ne l’ont jamais fort affecte. Il a trop désire le bonheur pour désirer beaucoup la richesse, & s’il eut quelques momens d’ambition, ses desirs comme ses efforts ont été vifs & courts. Au premier obstacle qu’il n’a pu vaincre du premier choc, il s’est rebute, & retombant aussi-tôt dans sa langueur, il a oublie ce qu’il ne pouvoir attendre. Il fut toujours si peu agissant si peu propre au manège nécessaire pour réussir en toute entreprise, que les choses les plus faciles pour d’autres devenant toujours difficiles pour lui, sa paresse les liai rendoit impossibles pour lui épargne les efforts indispensables pour les obtenir. Un autre oreiller de paresse dans toute affaire un peu longue quoiqu’aisée, étoit pour lui l’incertitude que le tems jette sur les succès qui dans l’avenir semblent les plus assures ; mille empechemens imprévus pouvant à chaque instant faire avorter les desseins les mieux concertes. La seule instabilité de la vie réduit pour nous tous les evenemens futurs à de simples probabilités. La peine qu’il faut prendre est certaine, le prix en est toujours douteux, & les projets éloignes ne peuvent paroître que des leurres de dupes à quiconque à plus d’indolence qu d’ambition. Tel est & fut toujours J. J. ; ardent & vif par tempérament, il n’a pu dans sa jeunesse être exempt de tout espece de convoitise, & c’est beaucoup s’il l’est toujours, même aujourd’hui. Mais quelque désir qu’il ait pu former, & quel qu’en ait pu être l’objet, si du premier effort il n’a pu l’atteindre, il fut toujours incapable d’une longue persévérance ay aspirer.