Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/341

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comme ceux qui en sont, & que, selon moi, ils doivent penser tout autrement. Ainsi votre exception que je n’admets pas, & la mienne que vous n’admettez pas non plus, tombant sur des personnes différentes, s’excluent mutuellement ou du moins ne s’accordent pas. Je viens de vous dire sur quoi je fonde la mienne ; examinons la votre à présent.

D’honnêtes-gens, que vous dites ne pas entrer dans le complot & ne pas haïr J. J., voyent cependant en lui tout ce que disent y voir ses plus mortels ennemis ; comme s’il en avoir qui convinssent de l’être & ne se vantassent pas de l’aimer ! En me faisant cette objection, vous ne vous êtes pas rappelle celle-ci qui la prévient & la détruit. S’il y a complot, tout par son effet devient facile à prouver à ceux mêmes qui ne sont pas du complot, & quand ils croyent voir par leurs yeux, ils voyent, sans s’en douter, par les yeux d’autrui.

Si ces personnes dont tous parler, de sont pas de mauvaise soi ; du moins elles sont certainement prévenues comme tout le public, & doivent par cela seul voir & juger comme lui. Et comment vos Messieurs ayant une fois la facilité de faire tout croire, auroient-ils négligé de porter cet avantage aussi loin qu’il pouvoir aller ? Ceux qui dans cette persuasion générale ont écarte la plus sure épreuve pour distinguer le vrai du faux, ont beau n’être pas à vos yeux du complot, par cela seul ils en sont aux miens ; & moi qui sens dans ma conscience, qu’ou ils croyent voir la certitude & la vérité, il n’y a qu’erreur mensonge imposture, puis-je douter qu’il n’y ait de leur faute dans leur persuasion, & que s’ils avoient aime sincérement la vérité, ils ne l’eussent bientôt démêlée à travers