Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/357

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Tout homme ayant de la droiture & de l’honneur ne peut plus qu’abhorrer & fuir un être ainsi défigure ; nul homme sensé n’en peut rien espérer de bon. Dans cet état que peut-il donc penser de ceux qui s’adressent à lui par préférence, le recherchent, le comblent d’éloges, lui demandent ou des services ou ton amitié, qui, dans l’opinion qu’ils ont de lui, désirent néanmoins d’être lies ou redevables au dernier des scélérats ? Peuvent-ils même ignorer que loin qu’il ait ni crédit ni pouvoir ni saveur auprès de personne, l’intérêt qu’il pourroit prendre à eux ne seroit que leur nuire aussi bien qu’a lui, que tout l’effet de sa recommandation seroit, ou de les perdre s’ils avoient eu recours à lui de bonne soi, ou d’en faire de nouveaux traîtres destines à l’enlacer par ses propres bienfaits. En toute supposition possible, avec les jugemens portes de lui dans le monde, quiconque ne laisse pas de recourir à lui, n’est-il pas lui-même un homme juge, & quel honnête homme peut prendre intérêt à de pareils misérables ! S’ils n’étoient pas des fourbes ne seroient-ils pas toujours des infames, & qui peut implorer des bienfaits d’un homme qu’il méprise, n’est-il pas lui-même encore plus méprisable que lui ?

Si tous ces empresses ne venoient que pour voir & chercher ce qui est, sans doute il auroit tort de les éconduire ; mais pas un seul n’a cet objet, & il faudroit bien peu connoître les hommes & la situation de J. J. pour espérer de tous ces gens la ni vérité ni fidélité. Ceux qui sont payes veulent gagner leur argent, & ils savent bien qu’ils n’ont qu’un seul moyen pour cela, qui est de dire, non ce qui est, mais ce qui plaît, & qu’ils seroient mal venus à dire du bien