Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/387

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que de devenir factieux turbulent & brouillon, comme on pretendoit qu’étoit l’auteur & qu’il vouloit rendre ses disciples.

S’il ne se fut agi que de cet auteur, j’aurois des-lors été désabusé sur le compte de J. J. : mais cette lecture en me pénétrant pour l’un de l’estime la plus sincere, me laissoit pour l’autre dans la même situation qu’auparavant, puisqu’en paroissant voir en eux deux hommes differens vous m’aviez inspire autant de vénération pour l’un que je me sentois d’aversion pour l’autre. La seule chose qui résultat pour moi de cette lecture, comparée à ce que nos Messieurs m’en avoient dit, étoit que, persuades que ces livres étoient de J. J., & les interprétant dans un tout autre esprit que celui dans lequel ils étoient écrits, ils m’en avoient impose sue leur contenu. Ma lecture ne fit donc qu’achever ce qu’avoit commence notre entretien, savoir de m’ôter toute l’estime & la confiance qui m’avoient fait livrer aux impressions de la ligue, mais sans changer de sentiment sur l’homme qu’elle avoit diffame. Les livres qu’on m’avoit dit être si dangereux n’étoient rien moins : ils inspiroient des sentimens tout contraires à ceux qu’on prêtoit à leur auteur : mais si J. J. ne l’étoit pas, de quoi servoient-ils a sa justification ? Le soin que vous m’aviez fait prendre étoit inutile pour me faire changer d’opinion sur son compte, & restant dans celle que vous m’aviez donnée que ces livres étoient l’ouvrage d’un homme d’un tout autre caractere, je ne pouvois assez m’étonner que jusques-la vous eussiez été le premier & le seul à sentir qu’un cerveau nourri de pareilles idées étoit inalliable avec un cœur plein de noirceurs.