Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/421

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un seul de ces faits, on n’a plus droit d’en rejetter aucun autre.

Cependant avec un peu de calcul & de bon sens, on verra que tant de choses sont incompatibles, que jamais il n’a pu faire tout cela ni se trouver en tant de lieux differens en si peu de tems ; qu’il y a par conséquent plus de fictions que de vérités dans toutes ces anecdotes entassées, & qu’enfin les mêmes preuves qui n’empêchent pas les unes d’être des mensonges ne sauroient établir que les autres sont des vérités. La force même & le nombre de toutes ces preuves suffiront pour faire soupçonner le complot, & des-lors toutes celles qui n’auront pas subi l’épreuve légale perdront leur force, tous les témoins qui n’auront pas été confrontes l’accuse perdront leur autorise, & il ne restera contre lui de charges solides que celles qui lui auront été connues & dont il n’aura pu se justifier ; c’est- à-dire, qu’aux fautes près qu’il a déclarée le premier, & dont vos Messieurs ont tire un si grand parti, on n’aura rien du tout à lui reprocher.

C’est dans cette persuasion qu’il me paroît raisonnable qu’il se console des outrages de les contemporains & de leur injustice. Quoiqu’ils puissent faire, ses livres transmis à la postérité montreront que leur Auteur ne fut point tel qu’on s’efforce de le peindre, & sa vie réglée simple uniforme & la même depuis tant d’années ne s’accordera jamais avec le caractere affreux qu’on veut lui donner. Il en sera de ce ténébreux complot forme dans un si profond secret, développé avec de si grandes précautions & suivi avec tant de zele comme de tous les ouvrages des passions des hommes qui