Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/429

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lui, seulement pour lui donner un air d’opulence & de prétention qui démente le ton qu’il a pris. Et cependant.....

Rousseau.

Je sais ce qu’il en est, car il m’a proteste n’avoir fait en sa vie qu’une seule souscription, savoir celle pour la statue de M. de Voltaire.*

[*Lettre de M. Rousseau à M. De La Tourette.

à Lyon 2 Juin 1770.

J’apprends, Monsieur, qu’on a forme le projet d’élever une statue à M. de Voltaire, & qu’on permet à tous ceux qui sont connus par quelque ouvrage imprime, de concourir à cette entreprise. J’ai paye assez cher le droit d’être admis à cet honneur, pour oser y prétendre, & je vous supplie de vouloir bien interposer vos bons offices pour me faire inscrire au nombre des souscrivans. J’espere, Monsieur, que les bontés dont vous m’honorez & l’occasion pour laquelle je m’en prévaux ici, vous seront aisément pardonner la liberté que je prends. Je vous salue, Monsieur, très-humblement & de tout mon cœur.

Lettre de M. de Voltaire à M. De La Tourette, relative à la précédente, transcrite sur l’original. 23 Juin 1770 à Ferney.

Vous savez peut-être, Monsieur, qu’on a imprime dans la gazette de Berne que Jean-Jaques Rousseau vous avait écrit une lettre par laquelle il souscrivait entre vos mains pour certaine statue. Je vous prie de me dire si la chose est vraie. J’ai peur que les gens de lettres de Paris ne veuillent point admettre d’étranger. Ceci est une galanterie toute Française. Ceux qui l’ont imaginée sont tous ou artistes, ou amateurs. M. le Duc de Choiseul est à la tête, & trouverait peut- être mauvais que l’article de la gazette se trouvàt vrai.

Mde. Denis vous fait les plus sinceres complimens. Agréez, Monsieur, les assurances de mon tendre attachement pour vous & pour toute votre famille.]

Le François.

He bien, Monsieur, cette seule souscription qu’il a faite est la seule dont on ne sait rien ; car le discret d’Alembert qui l’a reçue n’en a pas fait beaucoup de bruit. Je comprends bien que cette souscription est moins une générosité qu’une vengeance ; mais c’est une vengeance à la Jean-Jaques que Voltaire ne lui rendra pas.