Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/445

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venir ne sera plus accompagne d’aucune jouissance. Ceux qui en furent les témoins sans y tremper mais sans la connoître, revenus de l’illusion qui les abuse attesteront ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu, ce qu’ils savent, & rendront hommage à la vérité. Tout a été mis en œuvre pour prévenir & empêcher ce retour : mais on a beau faire, l’ordre naturel le rétablit tôt ou tard, & le premier qui soupçonnera que J. J. pourroit bien n’avoir pas été coupable sera bien près de s’en convaincre & d’en convaincre, s’il veut, ses contemporains qui, le complot & les auteurs n’existant plus, n’auront d’autre intérêt que celui d’être justes & de connoître la vérité. C’est alors que tous ses monumens seront précieux & que, tel fait qui peut n’être aujourd’hui qu’un indice incertain, conduira peut-être jusqu’à l’évidence.

Voilà, Monsieur, à quoi tout ami de la justice & de la vérité peut sans le compromettre & doit consacrer tous les soins qui sont en son pouvoir. Transmettre à la postérité des éclaircissemens sur ce point, c’est préparer & remplir peut-être l’œuvre de la providence. Le Ciel bénira, n’en doutez pas, une si juste entreprise. Il en résultera pour le public deux grandes leçons & dont il avoit grand besoin ; l’une, d’avoir, & sur-tout aux dépens d’autrui, une confiance moins téméraire dans l’orgueil du savoir humain ; l’autre, d’apprendre par un exemple aussi mémorable à respecter en tout & toujours le droit naturel, & à sentir que toute vertu qui se fonde sur une violation de ce droit est une vertu fausse qui couvre infailliblement quelque iniquité. Je me dévoue donc à cette œuvre de justice en tout ce qui dépend de moi, & je vous exhorte