Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

reste. Je dois sentir que je n’obtiendrai pas tout ce que je veux mais n’importe, ne nous décourageons point. De tout ce qui est bien, je serai tout ce qui est possible, mon zele & ma vertu m’en répondent :

une partie de la sagesse est de porter le joug de la nécessité : quand le sage fait le reste, il a tout fait. Voilà ce que je me dirois si j’étois Prince. Après cela., j’irois en avant sans me rebuter, sans rien craindre ; & quel que fût mon succès, ayant sait ainsi je serois content de moi. Je ne crois pas que j’eusse tort de l’être.

Il faut, Monsieur le Duc, commencer par vous bien mettre dans l’esprit, qu’il n’y a point d’œil paternel que celui d’un pere, ni d’œil maternel que celui d’une mere. Je voudrois employer vingt rames de papier à vous répéter ces deux lignes tant je suis convaincu que tout en dépend.

Vous êtes Prince, rarement pourrez-vous être pere, vous aurez trop d’autres soins à remplir : il faudra donc que d’autres remplissent les vôtres. Madame la Duchesse sera dans le même cas à-peu-près.

De-là suit cette premiere regle. Faites en sorte que vous enfant soit cher à quelqu’un.

Il convient que ce quelqu’un soit de son sexe. L’âge est très-difficile à déterminer. Par d’importantes raisons il la faudroit jeune. Mais une jeune personne a bien d’autres soins en tête que de veiller jour & nuit sur un enfant. Ceci est un inconvénient inévitable & déterminant.

Ne la prenez donc pas jeune, ni belle, par conséquent ; car ce seroit encore pis. Jeune, c’est elle que vous aurez à craindre ; belle, c’est tout ce qui l’approchera.