Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/167

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ils trouveront des choses touchantes d’eux -mêmes ; je vois d’ici vos domestiques derriere vos chaises se prosterner devant leur maître au fond de leurs cœurs : voilà les dispositions qu’il faut faire naître, & dont il faut profiter pour les regles que nous avons à leur prescrire.

Ces regles sont de deux especes, selon le jugement que vous porterez vous-même de l’état de votre maison & des mœurs de vos gens.

Si vous croyez pouvoir prendre en eux une confiance raisonnable & fondée sur leur intérêt, il ne s’agira que d’un énoncé clair & bref de la maniere dont on doit se conduire toutes les fois qu’on approchera de votre enfant, pour ne point contrarier son éducation.

Que si malgré toutes vos précautions, vous croyez devoir vous défier de ce qu’ils pourront dire ou faire en sa présence, la regle alors sera plus simple, & se réduira à n’en approcher jamais sous quelque prétexte que ce soit.

Quel de ces deux partis que vous choisissiez, il faut qu’il soit sans exception & le même pour vos gens de tout étage, excepté ce que vous destinez spécialement au service de l’enfant & qui ne peut être en trop petit nombre, ni trop scrupuleusement choisi.

Un jour donc vous assemblez vos gens, & dans un discours grave & simple, vous leur direz que vous croyez devoir en bon pere apporter tous vos soins à bien élever l’enfant que Dieu vous a donné. “Sa mere & moi sentons tout ce qui nuisit à la nôtre. Nous l’en voulons préserver ; & si Dieu bénit nos efforts, nous n’aurons point de compte à lui rendre des