Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/336

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des modeles, je vous avoue que ce ne sera ni le Juif Bernard, ni Monsieur * * *. que je choisirai pour cela. On n’imite que les gens à qui l’on voudroit ressembler.

Je vous dis, il est vrai, que le portrait que je vous montrai, étoit le seul que j’avois ; mais j’ajoutai que j’en attendois d’autres, & qu’on le gravoit encore en Arménien. Quand je me rappelle qu’à peine y daignâtes-vous jetter les yeux, que vous ne m’en dîtes pas un seul mot, que vous marquâtes là-dessus la plus profonde indifférence, je ne puis m’empêcher de vous dire qu’il auroit fallu que je fusse le plus extravagant des hommes, pour croire vous faire le moindre plaisir en vous le présentant ; & je dis dès le même soir, à Mlle. le Vasseur la mortification que vous m’aviez faite ; car j’avoue que j’avois attendu, & même mendié quelque mot obligeant qui me mît en droit de faire le reste. Je suis bien persuadé maintenant, que ce sut discrétion & non dédain de votre part, mais vous me permettrez de vous dire que cette discrétion étoit pour moi un peu humiliante, & que c’étoit donner un grand prix aux deux sols qu’un tel portrait peut valoir.

LETTRE À MYLORD MARÉCHAL.

Le 21 Mars 1763.

Il y a dans votre lettre du 19 un article qui m’a donné des palpitations ; c’est celui de l’Ecosse. Je ne vous dirai là-dessus