Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/430

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Ceci contient en général les instructions nécessaires ; mais les unes veulent être détaillées ; il suffit de dire les autres sommairement. En général, tout ce qui fait le mieux connoître le génie national ne sauroit être trop expliqué. Souvent un trait, un mot, une action dit plus que tout un livre ; mais il vaut mieux trop que pas assez.

LETTRE AU MÊME.

Motiers-Travers le 24 Mars 1765.

Je vois, Monsieur, que vous ignorez dans quel gouffre de nouveaux malheurs je me trouve englouti. Depuis votre pénultieme lettre on ne m’a pas laissé reprendre haleine un instant. J’ai reçu votre premier envoi sans pouvoir presque y jetter les yeux. Quant à celui de Perpignan, je n’en ai pas ouï parler. Cent fois j’ai voulu vous écrire, mais l’agitation continuelle, toutes les souffrances du corps & de l’esprit, l’accablement de mes propres affaires, ne m’ont pas permis de songer aux vôtres. J’attendois un moment d’intervalle ; il ne vient point, il ne viendra point, & dans l’instant même où je vous réponds, je suis, malgré mon état, dans le risque de ne pouvoir finir

ma lettre ici.

Il est inutile, Monsieur, que vous comptiez sur le travail que j’avois entrepris, il m’eût été trop doux de m’occuper d’une si glorieuse tâche : cette consolation m’eût ôtée : mon