Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/448

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sans avoir besoin de souscription, & c’est d’ailleurs une voie à laquelle je ne consentirai jamais par de très-bonnes raisons, trop longues à détailler dans une lettre.

En combinant toutes les parties de l’entreprise, & supposant un plein succès, j’estime qu’elle doit donner un profit net de cent mille francs. Pour aller d’abord au rabais, réduisons-le à cinquante. Je crois que sans être déraisonnable, je puis porter mes prétentions au quart de cette somme, d’autant plus que cette entreprise demande de ma part un travail assidu de trois ou quatre ans, qui sans doute achevera de m’épuiser, & me coûtera plus de peine à préparer & revoir mes feuilles, que je n’en eus à les composer.

Sur cette considération, & laissant à part celle du profit, pour ne songer qu’à mes besoins, je vois que ma dépense ornaire depuis vingt ans, a été l’un dans l’autre de soixante louis par an. Cette dépense deviendra moindre, lors qu’absolument séquestré du public, je ne serai plus accablé de ports de lettres & de visites qui, par la loi de l’hospitalité, me forcent d’avoir une table pour les survenans.

Je pars de ce petit calcul, pour fixer ce qui m’est nécessaire pour vivre en paix le reste de mes jours, sans manger le pain de personne ; résolution formée depuis long-tems, & dont quoi qu’il arrive, je ne me départirai jamais.

Je compte pour ma part, sur un fonds de dix à douze mille livres, & j’aime mieux ne pas faire l’entreprise s’il faut m réduire à moins, parce qu’il n’y a que le repos du reste de mes jours que je veuille acheter par quatre ans d’esclavage.

Si ces Messieurs peuvent me faire cette somme, mon dessein