Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/481

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inouies dans ce pays, sapant tous les fondemens de la Réformation, & blessant à la fois la liberté évangélique, la charité chrétienne, l’autorité du Prince & les droits des sujets, soit comme membres de l’Eglise, soit comme citoyens de l’Etat. Je dois toujours compte de mes actions & de ma conduite aux loix & aux hommes ; mais puisqu’on n’admet point parmi nous d’Eglise infaillible qui ait droit de prescrire à ses membres ce qu’ils doivent croire, donc, une fois reçu dans l’Eglise, je ne dois plus qu’à Dieu seul compte de ma foi.

J’ajoute à cela que lorsqu’après la publication de l’Émile, je fus admis à la communion dans cette paroisse, il y a près de trois ans, par M. de Montmollin, je lui fis par écrit une déclaration dont il fut si pleinement satisfait, que non-seulement il n’exigea nulle-autre explication sur le dogme, mais qu’il me promit même de n’en point exiger. Je me tiens exactement à sa promesse, & sur-tout à ma déclaration : & quelle conséquence, quelle absurdité, quel scandale ne seroit-ce point de s’en être contenté, après la publication d’un livre où le christianisme sembloit si violemment attaqué, & de ne s’en pas contenter maintenant, après la publication d’un autre livre, où l’Auteur peut errer, sans doute, puisqu’il est homme, mais où du moins il erre en chrétien, puisqu’il ne cesse de s’appuyer pas à pas sur l’autorité de l’Evangile ? C’étoit alors qu’on pouvoit m’ôter la communion ; mais c’est à présent qu’on devroit me la rendre. Si vous faites le contraire, Messieurs, pensez à vos consciences ; pour moi, quoi qu’il arrive, la mienne est en paix.

Je vous dois, Messieurs, & je veux vous rendre toutes sortes