Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/485

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pas besoin de société pour me garantir de l’ennui, au contraire. Mais j’en ai besoin pour me détourner de rêver & d’écrire. Tant que je vivrai seul, ma tête ira malgré moi.

LETTRE À MYLORD MARÉCHAL.

Le 6 Avril 1765.

Il me paroît Mylord, que graces aux soins des honnêtes gens qui vous sont attachés, les projets des prédicans contre moi s’en iront en fumée, ou aboutiront tout au plus à me garantir de l’ennui de leurs lourds sermons. Je n’entrerai point dans le détail de ce qui s’est passé, sachant qu’on vous en a rendu un fidelle compte. Mais il y auroit de l’ingratitude à moi de ne vous rien dire de la chaleur que M. Chaillet a mise à toute cette affaire, & de l’activité pleine à la fois de prudence & de vigueur avec laquelle M. Meuron l’a conduite. À portée, dans la place où vous l’avez mis, d’agir & parler au nom du Roi & au vôtre, il s’est prévalu de cet avantage avec tant de dextérité que, sans indisposer personne, il a ramené tout le Conseil d’Etat à son avis, ce qui n’étoit pas peu de chose, vû l’extrême fermentation qu’on avoit trouvé le moyen d’exciter dans les esprits. La maniere dont il s’est tiré de cette affaire, prouve qu’il est très en état d’en manier de plus grandes.

Losque je reçus votre lettre du 10 Mars avec les petits