Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/502

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d’agir. Il le lut avec plaisir, m’en parla avec éloge ; pas un mon qui sentît l’objection. Depuis lors il me vit long-tems encore, toujours de la meilleure amitié ; jamais la moindre plainte sur mon livre. On parloit dans ce tems-là d’une édition générale de mes écrits. Non-seulement il approuvoit cette entreprise, il desiroit même s’y intéresser : il me marqua ce desir que je n’encourageai pas, sachant que la compagnie qui s’étoit formée se trouvoit déjà trop nombreuse, & ne vouloir plus d’autre associé. Sur mon peu d’empressement qu’il remarqua trop, il réfléchit quelque tems après que la bienséance de son état ne lui permettoit pas d’entrer dans cette entreprise. C’est alors que la Classe prit le parti de s’y opposer, & fit des représentations à la Cour.

Du reste, la bonne intelligence étoit si parfaite encore entre, nous, & mon dernier ouvrage y mettoit si peu d’obstacle que long-tems après sa publication, M. de M. causant avec moi me dit, qu’il vouloit demander à la Cour une augmentation de prébende, & me proposa de mettre quelques lignes dans la lettre qu’il écriroit pour cet effet à Mylord Maréchal. Cette forme de recommandation me paroissant trop familiere, je lui demandai quinze jours pour en écrire à Mylord Maréchal auparavant. Il se tut, & ne m’a plus parlé de cette affaire. Des-lors il commença de voir d’un autre œil les Lettres de la Montagne, sans cependant en improuver jamais un seul mot en ma présence. Une fois seulement il me dit : Pour moi je crois aux miracles. J’aurois pu lui répondre : J’y crois tout autant que vous.

Puisque je suis sur mes torts avec M. de M., je dois vous