Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/512

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qui ne sert de rien à personne & qu’ils n’entendent pas pl que moi !

Si un Citoyen de ce pays avoit osé dire ou écrire quelque chose d’approchant à ce qu’avance M. R. ne séviroit-on pas contre lui ? Non assurément ; j’ose le croire pour l’honneur de cet Etat. Peuples de Neufchâtel, quelles seroient donc vos franchises, si pour quelque point qui fourniroit matiere de chicane aux Ministres, ils pouvoient poursuivre au milieu de vous l’Auteur d’un factum imprimé à l’autre bout de l’Europe, pour sa défense en pays étranger ? M. de M. m’a choisi pour vous imposer en moi ce nouveau joug ; mais serois-je digne d’avoir été reçu parmi vous, si j’y laissois par mon exemple une servitude que je n’y ai point trouvée ?

M. Rousseau nouveau Citoyen a-t-il donc plus de privileges que tous les anciens Citoyens ? Je ne réclame pas même ici les leurs ; je ne réclame que ceux que j’avois étant homme, & comme simple étranger. Le correspondant que M. de M. fait parler, ce merveilleux correspondant qu’il ne nomme point, & qui lui donne tant de louanges est un singulier raisonneur, ce me semble. Je veux avoir, selon lui, plus de privileges que tous les Citoyens, parce que je résiste à des vexations que n’endura jamais aucun Citoyen. Pour m’ôter le droit de défendre ma bourse contre un voleur qui voudroit me la prendre, il n’auroit donc qu’à me dire : Vous êtes plaisant de ne vouloir pas que je vous vole ! Je volerois bien un homme du pays s’il passoit au lieu de vous.

Remarquez qu’ici M. le Professeur de Montmollin et le seul Souverain, le Despote qui me condamne, & que la loi,