Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/542

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même de la pluie, en sorte que par les plus vilains tems de monde je vais tranquillement herboriser sous les roches avec les mourons & les lapins ; mais, hélas, Madame ! je ne trouve point de Scordium.

Au bout de la terrasse à gauche sont les bâtimens rustiques & le potager, à droite sont des bosquets & un jet-d’eau. Derriere la maison est un pré entouré d’une lisiere de bois, laquelle tournant au-delà du vallon couronne le parc, si l’on peut donner ce nom à une enceinte à laquelle on a laissé toutes les beautés de la nature. Ce pré mene à travers un petit village qui dépend de la maison, à une montagne qui en est à une demi-lieue & dans laquelle sont diverses mines de plomb que l’on exploite. Ajoutez qu’aux environs on a le choix des promenades, soit dans des prairies charmantes, soit dans les bois, soit dans des jardins à l’angloise, moins peignés, mais de meilleur goût que ceux des François.

La maison, quoique petite, est très-logeable & bien distribuée. Il y a dans le milieu de la façade un avant-corps à l’angloise, par lequel la chambre du maître de la maison & la mienne qui est au-dessus ont une vue de trois côtés. Son appartement est composé de plusieurs pieces sur le devant, & d’un grand fallon sur le derriere ; le mien est distribué de même, excepté que je n’occupe que deux chambres entre lesquelles & le salon est une espece de vestibule ou d’antichambre sort singuliere, éclairée par une large lanterne de vitrage au milieu du toit.

Avec cela, Madame, je dois vous dire qu’on fait ici bonne chere à la mode du pays, c’est-à-dire, simple & saine, précisément