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CHAPITRE II.

Trois formes spécifiques de Gouvernement subordonné.

Un Monarque, dit l’Abbé de St. Pierre, peut n’écouter qu’un seul homme dans toutes ses affaires, & lui confier toute son autorité, comme autrefois les Rois de France la donnoient aux Maires du Palais, & comme les Princes Orientaux la confient encore aujourd’hui à celui qu’on nomme Grand-Visir en Turquie. Pour abréger, j’appellerai Visirat cette sorte de ministere.

Ce Monarque peut aussi partager son autorité entre deux ou plusieurs hommes qu’il écoute chacun séparément sur la sorte d’affaire qui leur est commise, à-peu-près comme faisoit Louis XIV avec Colbert & Louvois. C’est cette forme que je nommerai dans la suite demi-Visirat.

Enfin, ce Monarque peut faire discuter dans des assemblées les affaires du Gouvernement, & former à cet effet autant de Conseils qu’il y a de genres d’affaires à traiter. Cette forme de ministère, que l’Abbé de St. Pierre appelle pluralité des Conseils ou Po1ysynodie, est à-peu-près, selon lui, celle que le Régent Duc d’Orléans, avoit établie sous son administration, & ce qui lui donne un plus grand poids encore, c’étoit aussi celle qu’avoit adoptée l’Elève du vertu eux Fenelon.

Pour choisir entre ces trois formes & juger de celle qui mérite la préférence, il ne suffit pas de les considérer en gros & par la première face qu’elles présentent ; il ne faut pas non plus opposer les abus de l’une à la perfection de l’autre, ni