Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/77

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présider & tout est fait : mais quand il faut choisir un Ministre, ou des favoris, on commence à introduire une forme arbitraire où la brigue & l’inclination naturelle ont bien plus de part que la raison ni la voix du Peuple. Il n’est pas moins simple que dans autant d’affaires de différentes natures qu’en offre le Gouvernement, le Parlement national se divise en divers comités, toujours sous la présidence du Roi qui leur assigne à chacun les matières sur lesquelles ils doivent délibérer. & voilà les Conseils particuliers nés du Conseil général, dont ils sont les membres naturels, & la Synodie changée en Polysynodie ; forme que je ne dis pas être, en cet état, la meilleure, mais bien la premiere & la plus naturelle.

CHAPITRE IX.

Et la plus utile.

Considérons maintenant la droite fin du Gouvernement & les obstacles qui l’en éloignent. Cette fin est sans contredit le plus grand intérêt de l’Etat & du Roi ; ces obstacles sont, outre le défaut de lumières, l’intérêt particulier des administrateurs ; d’où il suit que, plus ces intérêts particuliers trouvent de gêne & d’opposition, moins ils balancent l’intérêt public ; de sorte que, s’ils pouvoient se heurter & se détruire mutuellement, quelque vifs qu’on les supposât, ils deviendroient nuls dans la délibération, & l’intérêt publie seroit seul écouté. Quel moyen plus sûr peut-on donc avoir d’anéantir tous ces intérêts particuliers que de les opposer entr’eux par