Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/84

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CHAPITRE XI.

Conclusion.

Quoique les avantages de la Polysynodie ne soient pas sans inconvéniens, & que les inconvéniens des autres formes d’administration ne soient pas sans avantages, du moins apparens, quiconque fera sans partialité le parallele des uns & des autres, trouvera que la Polysynodie n’a point d’inconvéniens essentiels qu’un bon Gouvernement ne puisse aisément supporter ; au lieu que tous ceux du Visirat & du demi-Visirat attaquent les fondemens mêmes de la constitution ; qu’une administration non interrompue peut se perfectionner sans cesse, progrès impossibles dans les intervalles & révolutions du Visirat ; que la marche égale & unie d’une Polysynodie comparée avec quelques moments brillants du Visirat, est un sophisme grossier qui n’en sauroit imposer au vrai politique, parce que ce sont deux choses fort différentes que l’administration rare & passagere d’un bon Visir, & la forme générale du Visirat où l’on a toujours des siècles de désordre sur quelques années de bonne conduite ; que la diligence & le secret, les seuls vrais avantages du Visirat, beaucoup plus nécessaires dans les mauvais Gouvernemens que dans les bons, sont de foibles supplémens au bon ordre, à la justice & à la prévoyance, qui préviennent les maix au lieu de les réparer ; qu’on peut encore ne procurer ces supplémens au besoin dans la Polysynodie par des commissions extraordinaires, sans que le Visirat ait jamais pareille