Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des grades s’accorde mal avec celui de la circulation, & le scrutin plus mai encore avec l’un & l’autre ; d’ailleurs, si l’établissement est dangereux à faire, il est à craindre que, même après l’établissement fait, ces différente ressorte ne causent mille embarras & mille dérangements dans le jeu de la machine, quand il s’agira de la faire marcher.

La circulation de la Présidence en particulier, seroit un excellent moyen pour empêcher la Polysynodie de dégénérer bientôt en Visirat, si cette circulation pouvoit durer, & qu’elle ne fût pas arrêtée par la volonté du Prince, en faveur du premier des Présidents qui aura l’art toujours recherché de lui plaire. C’est-à-dire que la Polysynodie durera jusqu’à-ce que le Roi trouve un Visir à son gré ; mais, sous le Visirat même on n’a pas un Visir plus tôt que cela. Foible remede, que celui dont la vertu s’éteint à l’approche du mal qu’il devroit guérir.

N’est-ce pas encore un mauvais expédient de nous donner la nécessité d’obtenir les suffrages une seconde fois comme un frein pour empêcher les Présidens d’abuser de leur crédit la première ? Ne sera-t-il pu plus court & plus sûr d’en abuser au point de n’avoir plus que faire de suffrages, & notre Auteur lui-même, n’accorde-t-il pas au Prince le droit de prolonger au besoin les Présidens à sa volonté, c’est-à-dire, d’en faire de véritables Visirs ? Comment n’a-t-il pas apperçu mille fois, dans le cours de sa vie & de sans écrits, combien c’est une vaine occupation de rechercher des formes durables pour un état de choses qui dépend toujours de la volonté d’un seul homme ?