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LETTRES À M. DUTENS.

LETTRE PREMIÈRE.

À Wooton, le 5 Février 1767.

J’étois, Monsieur, vraiment peiné de ne pouvoir, faute de savoir votre adresse, vous faire les remerciements que je vous dois. Je vous en dois de nouveaux pour m’avoir tiré de cette peine, & sur-tout pour le livre de votre composition que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer : je suis fâché de ne pouvoir vous en parler avec connaissance, mais ayant renoncé pour ma vie à tous les livres, je n’ose sa exception pour le vôtre ; car outre que je n’ai jamais été assez savant pour juger de pareille matière, je craindrai que le plaisir de vous lire ne me rendît le goût de la littérature, qu’il m’importe de ne jamais laisser ranimer. Seulement je n’ai pu m’empêcher de parcourir l’article de la botanique, à laquelle je me suis consacré pour tout amusement ; & si votre sentiment est aussi bien établi sur le reste, vous aurez forcé les modernes à rendre l’hommage qu’ils doivent aux anciens. Vous avez très-sagement fait de ne pas appuyer sur les vers de Chaurien ; l’autorité eût été d’autant plus faible que d trois arbres qu’il nomme après le Palmier, il n’y en a qu’un qui porte les deux sexes sur différence individus. Au reste, je