Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/625

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tels que l’Italie, l’Allemagne, la Suisse, la France où arbrisseau couvre des isles entieres, le long des torrens & rivieres depuis la mer jusqu’aux sommets des Alpes ; c’est ce qu’on ne peut concevoir.

L’on pardonnera à des enfans, de ne jamais manger des fruits qu’ils ne connoissent pas, parce que leur mere ou leur gouvernante les ont avertis qu’ils pourroient s’empoisonner, & même d’appliquer à cette plante les craintes qu’on leur a inspirées au sujet des solanum, des chevre-feuilles, des lauréoles, bois gentils &c. Qu’ils inspirent cette terreur panique à leurs freres, à leurs camarades, il n’y a pas d’inconvénient. Ma faire un crime à un homme de lettres de ce qu’il n’a pas averti un botaniste de ne pas manger de ce fruit défendu, c’est exiger de lui les préjugés de l’enfance & supposer trop peu d’expérience au botaniste, qui dans le cas même le plus dangereux est fait pour servir de mentor, & non pour en exiger de la part d’un homme qui n’a pas étudié les plantes.

D’après ces réflexions, nous croyons que M. Bovier peut être tranquille sur l’imputation que les manuscrits du citoyen de Geneve semblent lui faire au sujet de cette plante. Sur le tout qu’importeroit à M. Bovier, qu’une disposition trop mélancolique de la part de son ancien ami, le fit passer dans le lointain, pour un homme qui n’a pas eu tous les égards possibles pour cette sensibilité extrême qu’il outroit encore durant les dernières années de sa vie. La réputation de M. Bovier est faite & ce soupçon ne se soutiendroit jamais dans sa patrie, ni dans l’esprit de ceux qui le connoissent. Ceux qui ne le connoissent pas, le jugeront favorablement d’après ces détails &