Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t16.djvu/145

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devinrent les siens, cela étoit tout simple ; mais aucun des siens ne devint jamais le mien ; voilà ce qui l’étoit moins. Tandis qu’il logeoit chez le Comte de F

[riès] e, il nous donnoit souvent à dîner chez lui ; mais jamais je n’ai reçu aucun témoignage d’amitié ni de bienveillance du Comte de F

[riès] e ni du Comte de S

[chomber] g son parent, très familier avec G[...], ni d’aucune des personnes, tant hommes que femmes, avec lesquels G[...]eut par eux des liaisons. J’excepte le seul abbé Raynal, qui, quoique son ami, se montra des miens & m’offrit dans l’occasion sa bourse avec une générosité peu commune. Mais je connoissois l’abbé Raynal long-tans avant que G[...]le connût lui-même & je lui avois toujours été attaché depuis un procédé plein de délicatesse & d’honnêteté qu’il eut pour moi dans une occasion bien légère, mais que je n’oublierai jamais.

Cet abbé Raynal est certainement un ami chaud. J’en eus la preuve à peu près dans le tans dont je parle envers le même G[...], avec lequel il étoit étroitement lié. G[...], après avoir vu quelque tans de bonne amitié Mlle. F

[el] , s’avisa tout d’un coup d’en devenir éperdument amoureux & de vouloir supplanter C

[ahusa] c. La belle, se piquant de constance, éconduisit ce nouveau prétendant. Celui-ci prit l’affaire au tragique & s’avisa d’en vouloir mourir. Il tomba tout subitement dans la plus étrange maladie dont jamais peut-être on ait oui parler. Il passoit les jours & les nuits dans une continuelle léthargie, les yeux bien ouverts, le pouls bien battant, mais sans parler, sans manger, sans bouger, paraissant quelquefois entendre, mais ne répondant jamais, pas