Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/243

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adresse, il faut maintenant la retourner chercher dans votre première lettre, perdue dans cinq cent autres, où il me faudra peut-être une demi journée pour la trouver. Ce qui achève de m’étourdir est que je manque d’ordre : mais le découragement & la paresse m’absorbent, m’anéantissent, & je suis trop vieux pour me corriger de rien. Je vous salue de tout mon cœur.

LETTRE À Mde. GUIENET.

...... 6 Février 1765.

Que j’apprenne à ma bonne amie mes bonnes nouvelles. Le 22 Janvier on a brûlé mon livre à la Haye ; on doit aujourd’hui le brûler à Genève ; on le brûlera, j’espère encore ailleurs. Voilà, par le froid qu’il fait, des gens bien brûlans. Que de feux de joie brillent à mon honneur dans l’Europe ! Qu’ont donc fait mes autres écrits pour n’être pas aussi brûlés, & que n’en ai-je à faire brûler encore ? Mais j’ai fini pour ma vie ; il faut savoir mettre des bornes à son orgueil. Je n’en mets point à mon attachement pour vous, & vous voyez qu’au milieu de mes triomphes, je n’oublie pas mes amis. Augmentez-en bientôt le nombre, chère Isabelle. J’en attends l’heureuse nouvelle avec la

plus vive impatience. Il ne manque plus rien à ma gloire, mais il manque à mon bonheur d’être grand-papa.*

[*Mde. Guienet appeloit M. Rousseau son papa. ]