Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/150

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relatifs à l’âge, a l’état, au sexe, qui constituent cet usage, les peut réduire en principes, & les étendre aux cas non prévus ; au lieu que l’autre, n’ayant que sa routine pour toute règle, est embarrassé sitôt qu’on l’en sort.

Les jeunes demoiselles françaises sont toutes élevées dans des couvents jusqu’à ce qu’on les marie. S’aperçoit on qu’elles aient peine alors à prendre ces manières qui leur sont si nouvelles ? & accusera-t-on les femmes de Paris d’avoir l’air gauche, embarrassé, & d’ignorer l’usage du monde pour n’y avoir pas été mises dès leur enfance ? Ce préjugé vient des gens du monde eux-mêmes, qui, ne connaissant rien de plus important que cette petite science, s’imaginent faussement qu’on ne peut s’y prendre de trop bonne heure pour l’acquérir.

Il est vrai qu’il ne faut pas non lus trop attendre. Quiconque a passé toute sa jeunesse foin du grand monde y porte le reste de sa vie un air embarrassé, contraint, un propos toujours hors de propos, des manières lourdes et maladroites, dont l’habitude d’y vivre ne le défait plus, & qui n’acquièrent qu’un nouveau ridicule par l’effort de s en délivrer. Chaque sorte d’instruction a son temps propre qu’il faut connaître, & ses dangers qu’il faut éviter. C’est surtout’pour celle-ci qu’ils se réunissent ; mais je n’y expose pas non plus mon élève sans précaution pour l’en garantir.

Quand ma méthode remplit d’un même objet toutes les vues, & quand, parant un inconvénient, elle en prévient un autre, je juge alors qu’elle est bonne, & que je suis dans