Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/247

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juges elles-mêmes, elles doivent recevoir la décision des pères & des maris comme celle de l’église.

Ne pouvant tirer d’elles seules la règle de leur foi, les femmes ne peuvent lui donner pour bornes celles de l’évidence & de la raison ; mais, se laissant entraîner par mâle impulsions étrangères, elles sont toujours en deçà ou au delà du vrai. Toujours extrêmes, elles sont toutes libertines ou dévotes ; on n’en voit oint savoir réunir la sagesse à la piété. La source du mal n’est pas seulement dans le caractère outré de leur sexe, mais aussi dans l’autorité mal réglée du nôtre : le libertinage des mœurs la fait mépriser, l’effroi du repentir la rend tyrannique, & voilà comment on en fait toujours trop ou peu.

Puisque l’autorité doit régler la religion des femmes, il ne s’agit pas tant de leur expliquer les raisons qu’on a de croire, que de leur exposer nettement ce qu’on croit : car la foi qu’on donne à des idées obscures est la première source du fanatisme, & celle qu’on exige pour des choses absurdes mène à la folie ou à l’incrédulité. Je ne sais à quoi nos catéchismes portent le plus, d’être impie ou fanatique ; mais je sais bien qu’ils font nécessairement l’un ou l’autre.

Premièrement, pour enseigner la religion à de jeunes filles, n’en faites jamais pour elles un objet de tristesse & de gêne, jamais une tâche ni un devoir ; par conséquent ne leur faites jamais rien apprendre par cœur qui s’y rapporte, pas même les prières. Contentez-vous de faire régulièrement les vôtres devant elles, sans les forcer pourtant d’y assister. Faites-les courtes, selon l’instruction se Jésus-Christ.