Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/249

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demande qu’elle n’entend guère elle fait une réponse qu’elle n’entend point du tout.

Je voudrais qu’un homme qui connoîtroit bien la marché de l’esprit des enfants voulût faire pour eux un catéchisme. Ce seroit peut-être le livre le plus utile qu’on eut jamais écrit, & ce ne seroit pas, à mon avis, celui qui feroit le moins d’honneur à son auteur. Ce qu’il y a de bien sûr, c’est que, si ce livre étoit bon, il ne ressembleroit guère aux nôtres.

Un tel catéchisme ne sera bon que quand, sur les seules demandes, l’enfant fera de lui-même les réponses sans les apprendre ; bien entendu qu’il sera quelquefois dans le cas d’interroger à son tour. Pour faire entendre ce que je veux dire, il faudroit une espèce de modèle, & je sens bien ce qui me manque pour le tracer. J’essayerai du moins d’en donner quelque légère idée.

Je m’imagine donc que, pour venir à la première question de notre catéchisme, il faudroit que celui-là commençât à peu près ainsi :

LA BONNE

Vous souvenez-vous du temps que votre mère étoit fille ?

LA PETITE

Non, ma bonne

LA BONNE

Pourquoi non, vous qui avez si bonne mémoire ?