Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/269

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quelque rang que le ciel vous place, vous serez toujours une femme de bien. L’essentiel est d’être ce que nous fit la nature ; on n’est toujours que trop ce que les hommes veulent que l’on soit.

La recherche des vérités abstraites & spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées n’est point du ressort des femmes, leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ; c’est à elles à faire l’application des principes que l’homme a trouvés & c’est à elles de faire les observations qui mènent l’homme à l’établissement des principes. Toutes les réflexions des femmes en ce qui ne tient pas immédiatement à leurs devoirs, doivent tendre à l’étude des hommes ou aux connaissances agréables qui n’ont que le goût pour objet ; car, quant aux ouvrages de génie, ils passent leur portée ; elles n’ont pas non plus assez de justesse & d’attention pour réussir aux sciences exactes, &, quant aux connaissances physiques, c’est à celui des deux qui est le plus agissant le plus allant, qui voit le plus d’objets ; c’est à celui qui a le plus de force & qui l’exerce davantage, à juger des rapports des êtres sensibles & des lois de la nature. La femme, qui est faible & ne voit rien au dehors, apprécie & juge les mobiles qu’elle peut mettre en œuvre pour suppléer à sa faiblesse, & ces mobiles sont les passions de l’homme. Sa mécanique à elle est plus forte que la nôtre, tous ses leviers vont ébranler le cœur humain. Tout ce que son sexe ne peut faire par lui-même, & qui lui est nécessaire ou agréable, il faut qu’elle ait l’art de nous le faire vouloir ; il faut donc qu’elle étudie à