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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/36

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mier branle à ces dez, ni mettre en jeu sa force centrifuge qu’à l’aide d’un mouvement de rotation. Newton a trouvé la loi de l’attraction, mais l’attraction seule réduiroit bientôt l’Univers en une masse immobile ; à cette loi, il a falu joindre une force projectile pour faire décrire des courbes aux corps célestes. Que Descartes nous dise quelle loi physique a fait tourner ses tourbillons ; que Newton nous montre la main qui lança les planetes sur la tangente de leurs orbites.

Les premieres causes du mouvement ne sont point dans la matiere ; elle reçoit le mouvement & le communique, mais elle ne le produit pas. Plus j’observe l’action & réaction des forces de la Nature agissant les unes sur les autres, plus je trouve que, d’effets en effets, il faut toujours remonter à quelque volonté pour premiere cause, car supposer un progrès de causes à l’infini, c’est n’en point supposer du tout. En un mot, tout mouvement qui n’est pas produit par un autre, ne peut venir que d’un acte spontanée, volontaire ; les corps inanimés n’agissent que par le mouvement, & il n’y a point de véritable action sans volonté. Voilà mon premier principe. Je crois donc qu’une volonté meut l’Univers & anime la Nature. Voilà mon premier dogme, ou mon premier article de foi.

Comment une volonté produit-elle une action physique & corporelle ? Je n’en sais rien, mais j’éprouve en moi qu’elle la produit. Je veux agir, & j’agis ; je veux mouvoir mon corps, & mon corps se meut ; mais qu’un corps inanimé & en repos vienne à se mouvoir de lui-même ou