AVIS DES ÉDITEURS
Sur le Fragment qui suit.
Il faut en convenir, les seuls biens sur lesquels les hommes
puissent compter, sont ceux qu’ils ont mis en réserve au
fond de leur ame ; aussi le moyen, unique peut-être, de
pourvoir efficacement à leur bonheur, c’est de leur donner des
ressources sûres contre les coups du sort, soit pour les réparer
à force de talens, soit pour les supporter à force de vertus.
Ce fut le grand objet que M. Rousseau se proposa dans
son Traité de l’Éducation ; l’Ouvrage suivant étoit destiné à
prouver qu’il l’avoit rempli. En mettant Émile aux prises
avec la fortune, en le plaçant dans une suite de situations
effrayantes, que le mortel le plus intrépide n’envisageroit pas
sans frémir, il vouloit montrer que, les principes dont il fut
nourri depuis sa naissance, pouvoient seuls l’élever au-dessus
de ces situations. Ce plan étoit beau, l’exécution en auroit
été aussi intéressante qu’utile ; c’étoit mettre en action la morale
d’Émile, la justifier & la faire aimer : mais la mort ne
permit pas à M. Rousseau d’élever ce nouveau monument
à sa gloire, & de reprendre cet Ouvrage, qu’il avoit interrompu
pour ses Confessions.
Nous donnons au Public le seul morceau qu’il en ait écrit & nous le disons sans détour ; nous le donnons avec une sorte